Si l’univers de la typographie est rempli de règles, Sergi Delgado s’intéresse davantage à trouver de nouvelles façons de penser pour la création de lettres.
C’est la capacité du graphiste à repousser les limites de la typographie, en se servant des progrès technologiques pour remettre en question notre perception et nos connaissances, qui forme la base de l’esperluette rouge tourbillonnante choisie cette année pour la page de lancement d’Adobe InCopy. Mais ce glyphe envoûtant n’est qu’un petit échantillon du portfolio sans cesse grandissant de Sergi, qui comprend toute une série de caractères psychédéliques et d’illustrations hypnotiques.
Dans cet article, nous discutons avec cet artiste installé à Barcelone de son parcours créatif et de ce qui nourrit son inspiration.
Qu’est-ce qui vous a conduit à embrasser une carrière dans la typographie ?
Depuis tout petit, je suis attiré par les graffiti et le dessin de lettres. Personne dans ma famille n’est engagé dans les domaines créatifs. Ma mère est douée pour le dessin et la peinture, mais à ma connaissance, je n’ai aucun parent proche travaillant dans la création.
J’ai commencé à étudier le design sans vraiment savoir de quoi il s’agissait. Je voulais travailler dans la création, mais je ne savais pas sur quel domaine me concentrer. Le design graphique était l’une des disciplines semblant offrir le meilleur potentiel sur le marché de l’emploi.
Dans ses travaux typographiques, Sergi cherche avant tout à expérimenter et se démarquer.
Ce lettrage a été inspiré par le groupe de rock psychédélique Tame Impala.
J’ai étudié le design graphique à l’école d'art Serra i Abella, l’un des rares établissements publics situés dans la banlieue de Barcelone, dans la ville de L’Hositpalet de Llobregat. Ma passion pour les lettres s’est naturellement épanouie dans cette école lorsque la typographie est devenue ma matière préférée. C’est pourquoi la typographie était et reste l’un des piliers de mon travail.
Où trouvez-vous l’inspiration pour vos créations ?
Quand j’étais étudiant, je m’inspirais beaucoup des références classiques et contemporaines qui étaient enseignées en cours. J’ai beaucoup appris en essayant d’imiter les techniques de construction et de création des grands maîtres et designers que j’admirais.
Évidemment, la nature nous inspire tous. C’est la plus grande source d’inspiration des êtres humains. Dans son chaos apparent, nous trouvons des algorithmes, des fractales, des règles d’or, des mathématiques, des schémas… Son insignifiance manifeste et son caractère aléatoire recèlent un ordre caché qui me fascine.
Pouvez-vous expliquer votre processus de création typographique ?
Mon processus est assez chaotique et s’appuie souvent sur des erreurs. Une erreur commise dans un projet peut en engendrer un autre. C’est pourquoi j’essaie de prêter attention à tout ce que je ne maîtrise pas. Cela représente une part importante de mon processus de création.
Selon moi, il est essentiel de sortir des sentiers battus pour explorer et enrichir ce que l’on fait. Ainsi, mon travail évolue constamment, de façon non linéaire. J’aime dérouler le fil ou faire évoluer ce que je trouve intéressant, même si cela sort du cadre du projet en cours. Je peux ensuite utiliser les résultats dans un projet personnel ou enrichir d’autres projets.
Concernant la typographie, je suis assez modulaire. J’essaie toujours de créer une typographie à partir de petits modules ou de formes simples pour qu’il y ait une cohésion et une relation entre eux. Enfant, j’adorais jouer aux LEGO avec mon frère et je crois qu’en l’occurrence, la méthodologie est très similaire à la construction de structures en LEGO. Je prends énormément de plaisir à créer des typographies pour des affiches. Je ne me considère pas comme un typographe à 100 %, car j’aime surtout créer des lettres démentes qui fonctionnent mieux dans les titres que dans les corps des petits textes.
Le designer et typographe explore constamment de nouvelles façons d’appliquer ses caractères hypnotiques.
Vous vous êtes précédemment décrit comme quelqu’un d’intrépide. Comment prenez-vous des risques dans votre travail de design ?
Je crois que chacun voudrait être plus audacieux qu’il ne l’est en réalité. J’aime les défis. C’est la seule façon d’évoluer dans notre métier et notre vie quotidienne. Si tous les projets se ressemblaient, nous tomberions dans la routine et notre façon de résoudre les problèmes ne changerait pas. Malgré toutes les difficultés que cela pose, j’ai besoin d’être sur la brèche pour m’améliorer. Je m’en suis bien rendu compte l’année dernière. 2020 a été une année de réflexion pour moi, et 2021 sera une année de changement et d’évolution.
La typographie est une expérimentation constante. Représentez-vous un chef cuisinier essayant de marier différentes saveurs et prenant des risques, bien que le bon sens lui dise que cela ne marchera pas. Selon moi, expérimenter, c’est prendre des risques et tester une multitude de combinaisons, même si vous pensez que ça fonctionne déjà très bien comme ça ou, inversement, si vous pensez que ça ne marchera jamais.
Comment créez-vous les illusions d’optique dans vos designs ?
Je pars toujours de l’idée, puis je trouve le meilleur moyen de la concrétiser. J’essaie de ne pas être tributaire d’un seul outil. J’ai bien sûr mes applications de prédilection, parmi lesquelles Adobe Illustrator et Adobe Photoshop, que j’utilise depuis toujours.
Au-delà de la typographie, Sergi applique cette même esthétique envoûtante à ses designs.
Qu’est-ce qui vous attire dans le surréalisme et le psychédélisme pour vos typographies ?
En fait, je m’intéresse à de nombreux mouvements, et tous les aspects artistiques ou culturels méritent qu’on y prête attention et qu’on les étudie. Avec le surréalisme, j’essaie de pratiquer l’introspection, d’accéder à mon subconscient, à l’onirisme, car cela me permet de créer des formes différentes de celles qu’on trouve dans la vie de tous les jours. J’aime aussi ce collage ou ce mélange associé au surréalisme, qui est fondamental dans mon travail.
J’aime les formes et les couleurs organiques du psychédélisme, ainsi que l’exploration de cet univers parallèle qui se trouve dans notre imaginaire. Je trouve l’histoire des origines de chaque mouvement né d’un besoin de changement très intéressante. Nous vivons des moments difficiles, mais je suis persuadé que cette crise engendrera de nouveaux mouvements et de nouvelles visions du monde. De plus, une toute nouvelle génération de créatifs réagira à ce climat de tension, car tout le monde a été affecté par cette pandémie.
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