Réinventez une affiche de démonstration en utilisant les polices OH No Type Co. et une bibliothèque de ressources Adobe Stock.

Les créations typographiques follement originales de James Edmondson ajoutent une touche d’exubérance, voire de psychédélisme, à tout ce sur quoi elles sont imprimées, des affiches de concert et designs éditoriaux aux packagings et vêtements. Nous avons discuté avec lui de ses motivations et influences, mais aussi d’où il vient et de sa vision de l’avenir, ainsi que de l’évolution unique de ses polices.

Psychédélisme : une réinterprétation d’un genre classique

Après l’obtention de son diplôme Type & Media de l’académie royale des arts en 2014, James a commencé à développer le concept de sa fonderie OH no Type Co. Le design graphique sortait alors de son ère Mad Men ; les styles dominants étaient ancrés dans le modernisme milieu de siècle et les années 1960, avec une typographie épurée, nette et précise.

« Je me suis dit que la prochaine mode serait probablement les années 1970, dit-il, car il y a toujours un retour du balancier. » Passionné par la typographie, la mode et la musique de cette époque, James souhaitait l’explorer de façon créative.

Ce moment a coïncidé avec le cinquantième anniversaire du Summer of Love. James Edmondson vivait à San Francisco, à trois pâtés de maisons du Golden Gate Park, juste à côté du quartier de Haight. Toutes sortes d’évènements étaient organisés : une exposition au musée de Young tout proche, des groupes reprenant les titres des Grateful Dead dans le parc, etc. James a été saisi par le manque de fantaisie et d’originalité de la plupart des affiches et flyers annonçant ces évènements. Il trouvait ces designs ni authentiques, ni intéressants.

« La plupart du temps, ce n’était qu’une pâle interprétation singeant le style original de cette période, se souvient-il. C’était comme s’ils avaient fait appel à des designers n’ayant aucune affinité particulière pour ce mouvement artistique en leur demandant s’ils pouvaient essayer de faire quelque chose dans le style de Wes Wilson ou de Victor Moscoso. »

Il a ensuite vu l’affiche d’une exposition intitulée Hippie Modernism à l’UC Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive. James a été frappé par l’optique différente qu’elle offrait sur le style des années 1970. Le design de cette affiche ne se contentait pas de copier l’ancien, mais il le réinventait en le sublimant.

James pense qu’il y a un enseignement à en tirer. « Il existe un moyen d’hybrider ces styles emblématiques avec ce qui se passe actuellement pour les transformer en quelque chose de nouveau », affirme-t-il.

Ce type d’actualisation est exactement ce qui se produit actuellement avec la tendance du design Psychédélisme d’Adobe Stock. En plus de référencer le psychédélisme des années 1970 et de l’Art Nouveau, la galerie Psychédélisme combine l’ancien et le nouveau pour créer des univers ludiques, audacieux et propices à l’évasion.

« L’idée me trottait toujours dans la tête quand j’ai commencé à créer ma typothèque », se souvient James. Comme les genres les plus courants, tels que les polices géométriques sans empattements et les polices grotesques, étaient déjà surexploités, il a d’abord voulu explorer les styles qui étaient, selon lui, sous-représentés. Il a entrepris de créer les polices de caractères personnalisables qu’il voulait voir autour de lui et qu’un designer tel que lui se promenant dans la ville aimerait photographier. Cette approche l’a conduit à dessiner certaines des polices psychédéliques contemporaines les plus expressives actuellement disponibles, osant s’attaquer à des designs qui étaient encore solidement ancrés dans les bonnes pratiques typographiques, comme Cheee, Beastly, Eckmannpsych ou Ohno Blazeface.

Élargir la portée

À présent qu’il a acquis de l’ancienneté dans le domaine de la typographie, James est beaucoup plus à l’aise avec l’idée de revenir à ces autres genres plus populaires.

« Mes clients et les personnes qui s’intéressaient à mon travail me disaient qu’ils voulaient utiliser les polices de caractères OH no dans plusieurs projets. Cela semblait être une idée révolutionnaire ! » sourit-il.

Après la naissance de sa fille, il a cherché à gagner une certaine stabilité dans son activité. « C’est facile de lancer une fonderie qui ne vend que des polices ésotériques, mais ce n’est pas toujours viable », confie-t-il.

Après s’être d’abord montré assez critique à l’égard des typographes qui continuaient à enrichir des genres déjà surencombrés, James est aujourd’hui plus tolérant envers les fonderies qui le font et va même jusqu’à se livrer lui aussi à cette activité.

« Vous savez, c’est très mécanique. C’est amusant d’imaginer ce que je pourrais apporter à un genre particulier, explique-t-il. Tout au long de l’histoire de la typographie, de nombreux designers que j’admire se sont posé les mêmes questions. W.A. Dwiggins, qui a conçu Metro, en est l’exemple parfait. Malgré son style très expressif et sa vision unique, [la fonderie] Linotype lui a demandé : ‘Vous savez quoi ? Futura se vend bien. Pourriez-vous créer quelque chose de similaire ?’ Et W.A. Dwiggins leur a répondu : ‘Chiche !’, sourit James. C’est pourquoi j’essaie de porter un jugement moins sévère sur certaines approches de la fonderie. »

L’effet « boule de neige » de la typographie

Lorsque je lui dis que je perçois toujours le reflet de sa personnalité dans des polices de caractères plus conventionnelles, comme Degular ou Obviously, James rétorque que, si c’est vrai, c’est purement fortuit. Il prétend ne plus aborder la typographie selon un plan d’action défini.

« Ce que je préfère dans la typographie, c’est de voir un projet que je démarre devenir une entité à part entière, comme si je faisais rouler une boule de neige dans une descente. La police de caractères se transforme en ce qu’elle veut », s’émerveille-t-il.

James préfère jouer le rôle d’un facilitateur plutôt que celui d’un architecte obsessionnel essayant de tout contrôler dans les moindres détails. « C’est plus intéressant quand tout évolue naturellement. Il arrive un moment où l’idée centrale se cristallise pour devenir quelque chose de superbement succinct et raffiné. J’apprécie ce moment où je peux décrire une police de caractères, un projet, une chanson ou autre en une phrase ou une idée singulière, qui traduit clairement ce qu’est cette chose et ce qu’elle essaie de faire. Parfois, ce moment arrive au début du projet et, d’autres fois, après de nombreuses esquisses et itérations. »

Hobeaux Rococeaux est un bon exemple de police de caractères dont le design, une fois le concept défini par James, a très peu changé entre les esquisses et le produit fini ; il n’a eu qu’à effectuer le travail de production : le dessin et la numérisation. Il a également des polices de caractères en cours de développement qui ont quelque chose de particulier, mais comme elles ne lui ont pas encore inspiré cette idée singulière, il continue à travailler dessus. « Ce sont des projets délicats, car je ne sais pas encore exactement quel type d’histoire j’essaie de raconter avec elles, avoue James. Je dois les laisser mijoter un peu plus longtemps. »

Il n’y aura jamais trop de polices.

James et son épouse attendent actuellement leur deuxième enfant, et il est confiant quant à l’avenir d’OH no Type Co. Il se dit extrêmement satisfait de sa situation actuelle : posséder une fonderie qui existe maintenant depuis quelques années. « Une fonderie ne devient généralement rentable qu’au bout de cinq ou six ans, explique-t-il. « Maintenant qu’elle l’est, il s’agit juste de faire en sorte qu’elle le reste. »

Pour James, l’équilibre est essentiel : alterner des familles de polices utiles avec des designs qui, avec un peu de chance, apportent quelque chose de neuf.

« Nous avons atteint l’âge d’or de la typographie, estime-t-il. On dirait que dix nouvelles fonderies apparaissent chaque semaine. C’est exaltant. Je ne crains pas la concurrence, ni la profusion de polices. Je suis ravi de voir autant de personnes s’intéresser à la typographie et je veux les aider du mieux que je le peux. »

Crédits image d'en-tête : A5 Wall Poster Mockup with Shadow Overlay d’Adobe Stock/Pixelbuddha, Neon Gradient Harmony Posters d’Adobe Stock / Royal Studio, Luxury background with metal drapery fabric d’Adobe Stock / Pierell avec OhNoBlazeface d’Adobe Fonts / OH no Type Co.