PHOTOGRAPHY • INSPIRATION

Creator Collective : Onyi Moss.

La photographe et réalisatrice évoque son parcours professionnel et sa récente série Black Women Are Soft Too.

PHOTOGRAPHY • INSPIRATION

Creator Collective : Onyi Moss.

La photographe et réalisatrice évoque son parcours professionnel et sa récente série Black Women Are Soft Too.

RESSOURCES

Si la comptabilité ne constitue pas le tremplin le plus évident d’une carrière dans les arts visuels, elle l’a pourtant été pour Onyi Moss. Son appareil photo lui a fait troquer le monde de la finance pour celui de la création, où elle livre aujourd’hui des récits visuels de femmes noires.

Quand vous êtes-vous essayée à la photographie et aux arts visuels pour la première fois ? Parlez-nous de votre parcours.

J’ai débuté la photographie il y a environ huit ans. J’étais au chômage après avoir obtenu mon diplôme d’expert-comptable, car je ne possédais pas une expérience professionnelle suffisante au Royaume-Uni pour trouver un emploi dans le secteur financier. Je faisais du bénévolat au sein du service financier d’une petite entreprise de BTP pour acquérir de l’expérience. J’y travaillais une fois par semaine et passais le reste du temps à regarder des programmes de télé-réalité. C’est comme cela que j’ai découvert Fashion Bloggers sur la chaîne E! Entertainment, une émission sur un groupe de photographes et de directrices de création autodidactes qui racontent de belles histoires en images. Ce programme m’a profondément touchée. J’ai toujours aimé m’exprimer à travers l’écriture et le dessin, mais la photographie représentait un plongeon dans l’inconnu. Je trouvais ça fascinant.



Ce mois-là, au lieu de payer mon loyer, j’ai acheté un appareil photo. Vu la situation, je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à m’en servir bien et rapidement si je voulais en faire une source de revenus. C’est ainsi qu’a débuté mon parcours en photographie. Au début, je me suis formée en regardant des vidéos sur YouTube et en essayant de mettre en pratique ce que j’apprenais. J’ai commencé à prendre de nombreux autoportraits, puis j’ai appris à utiliser Photoshop pour les retouches et I’étalonnage des couleurs. À force de pratiquer, je progressais.



Après avoir décroché un poste de comptable financier dans une banque, j’ai continué à m’adonner à cette nouvelle passion. Je passais la plupart de mes soirées et week-ends à me perfectionner et à partager mes images en ligne. Assez vite, j’ai été contactée pour donner des cours de photographie et travailler sur des campagnes publicitaires.



À l’été 2017, j’ai décidé qu’il était temps de quitter mon emploi à la banque pour me concentrer sur mon travail de création. Je dois dire que je ne le regrette pas.

Quel équipement utilisez-vous ? Quels conseils donneriez-vous aux aspirants photographes dans ce domaine ?

Actuellement, j’utilise un Canon 5D MK III avec des objectifs Sigma f1,4 50 mm et 20 mm. En post-production, je me sers d’une tablette Wacom pour plus de précision.



Je donne toujours les deux conseils suivants aux aspirants photographes :

1. Tirez pleinement parti des outils que vous possédez déjà. Il faut en connaître toutes les fonctionnalités et les utiliser régulièrement. Ce n’est pas forcément l’équipement qui fait l’image, mais plutôt l’œil de celui qui s’en sert et l’histoire qu’il veut raconter.



2. Concentrez-vous sur les sujets qui vous passionnent. Il n’en sera que plus facile de livrer un récit authentique.



Quel impact la pandémie de COVID a-t-il eu sur votre travail ?

La pandémie m’a permis de ralentir le rythme et de me consacrer à des projets personnels. Avant, je donnais la priorité aux idées de branding pour mes clients, des projets certes intéressants, mais qui ne m’appartenaient pas totalement. Avec le ralentissement de l’activité, j’ai pu réfléchir longuement à  l’empreinte que j’aimerais laisser. C’est là que j’ai décidé d’étendre mon champ de compétences à la vidéo.



J’ai commencé une série intitulée Black Women Are Soft Too, qui s’inspire de l’expérience de mes amies et de la mienne. Pour quelqu’un comme moi qui souhaite promouvoir la place des femmes dans le secteur de la création, c’était un bon moyen d’y parvenir, en permettant à d’autres de témoigner et d’évoquer leur amour de la vie.

Comment cette série est-elle née ?

J’aime profiter des plaisirs de la vie, or je me retrouve peu dans l’image de la femme noire que présentent les médias. La plupart du temps, on en fait des femmes noires un symbole de souffrance et de force, sans jamais évoquer leur douceur. Cette impression de force est dangereuse, car elle expose les femmes à plus de maux. Par exemple le taux de mortalité des femmes noires lors de l’accouchement est systématiquement plus élevé que pour les autres origines ethniques.

 

Pour moi, le moment était venu de proposer une représentation plus exacte de la femme noire, en tenant compte de toutes ses facettes, notamment de sa douceur. Dans la mesure où j’incarne cette facette et où j’ai la capacité d’élaborer des récits, j’ai décidé de me lancer dans cette aventure.

 

Avec Black Women Are Soft Too, je veux mettre en avant la douceur dont font preuve les femmes noires, et donc leur humanité.

 

Où puisez-vous votre inspiration ?

J’ai beaucoup de sources d’inspiration. Il s’agit bien sûr de choses que j’aime.

 

J’aime les beaux films, les livres, la musique, les longues promenades, le thé, la nature (surtout les fleurs, qui sont très présentes dans mon travail), les voyages, le storytelling, l’écriture, les musée, les bâtiments et les lieux historiques... J’adore tout ce qui est vintage.

 

Chaque fois que je profite des plaisirs de la vie, je ne peux pas m’empêcher de m’en inspirer.

Quel est le projet dont vous rêvez ? Une chose que vous avez toujours eu envie de faire sans jamais la concrétiser.

Je rêve d’écrire et de réaliser une série originale Netflix.

Sur le plan créatif, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Comment les surmontez-vous ?

En général, je rencontre des difficultés quand je ne prends pas le temps de me reposer. J’ai dû apprendre à les surmonter ces deux dernières années, car il est difficile de trouver l’inspiration lorsque l’on est surmené.

 

Désormais, l’équilibre travail/vie privée est une priorité. J’ai mis au point un système dans mon emploi du temps qui prévoit autant de repos que de travail, si ce n’est plus.

 

Je m’accorde du temps libre pour profiter des plaisirs de la vie. Je m’efforce aussi de les intégrer dans mon travail.

Collaborez-vous avec d’autres personnes ?

Oui, je collabore avec d’autres créatifs. Je travaille régulièrement avec mon mari. Il est également photographe, et nous avons construit une bonne relation de travail.

 

Plus récemment, j’ai collaboré avec les femmes merveilleuses qui apparaissent dans ma série.

 

Et pour inciter les femmes comme moi à investir l’univers de la création, je mets régulièrement en avant le travail de créatives sur mon blog dans une série intitulée Women of Substance.

Autres tutoriels de cette série